Gilberto Gil
Hermeto Pascoal

Soirée

Gilberto Gil

Quarante ans après sa parution, Gilberto Gil se retourne vers l'un de ses albums emblématiques : Refavela. Gilberto Passos Gil Moreira naît en 1942 à Salvador de Bahia, dans la ville afro-brésilienne par excellence, la ville du candomblé, celle de la revendication de la négritude et du carnaval des Afoxés en transes. Le répertoire du projet avec lequel il nous visite permet de se pencher sur une époque où le natif de Salvador percute ses racines yorubas. Si Refavela, paru en 1977, est rarement mis en avant dans la discographie du chanteur (plus d’une soixantaine d’albums), l’opus y occupe pourtant une place significative. A cette époque, Gil a déjà quinze ans de carrière (premier 45 tours sorti en 62). Dès 1967, il a été avec Caetano Veloso l’un des fers de lance de la révolution "tropicaliste". La dictature militaire l’a emprisonné, puis envoyé en exil à Londres. Rentré, il signe son chef d’oeuvre Expresso 2222 (en 1972), puis lance sa trilogie en "Re" : Refazenda (75), Refavela (77) et enfin Realce (79). Au milieu de cette période, Gil est invité au Festival Mondial d’Art et de Culture Noire qui se déroule en 77 au Nigéria. « L’idée d’enregistrer un nouvel album m’est venue à Lagos », raconte-t-il. Ce séjour africain lui inspire Aqui e Agora, Refavela ou Balafon. L’idole du Nordeste se souvient : « J’ai rapporté un balafon du Golf de Guinée, et j’ai immédiatement écrit le morceau avec cet instrument. »

Line-up: Gilberto Gil (v, g) Mayra Andrade (v), Chiara Civello (v), Mestrinho (v, accordéon), , Bem Gil (g), Domenico Lancellotti (dms, perc), Bruno Di Lullo (b), Thomas Harres (perc), Thiagô Queiroz (sax, fl), Mateus Aleluia Filho (tp et bgl), Nara Gil et Ana Lomelino (bkv)

Crédits photo : © dr

Hermeto Pascoal & Grupo

Barbe blanche et fleurie, le barde Pascoal tient une place à part dans la mythologie des années 70 et la musique brésilienne. Sorte de Sun Ra tropical, véritable galaxie à lui tout seul, générant de nombreux satellites, l’autodidacte a composé un univers musical inouï. Les déroutantes calligraphies qui lui servent de partitions montrent que l’on tient là un ovni. Un original capable, par la grâce de sa poésie malicieuse emplie des émanations de la nature, de faire résonner une bouilloire comme de transformer les cris d’un cochon en ode à la joie. Tout ce qu’il touche devient musique. Même lorsqu’il aborde les rivages du jazz le plus savant, il parvient à en faire autre chose qu’une vaine démonstration. Le sorcier d’Alagoas (Brésil) a toujours su conjuguer sa singularité aux pluriels d’un collectif converti à ses visions iconoclastes. Au-delà de ses débuts vers 1960 (avec Conjunto Som), ce fut particulièrement le cas dans ces années 70 où, après un passage éclair dans le Miles Davis électrique, le génial albinos révéla une série d’albums fondamentaux, de A Música Livre (73) à Slaves Mass (77). Ce dont témoignent également les inédits produit en 1976 par Rogerio Duprat et tout juste exhumés : Hermeto Pascoal & Grupo Vice Versa Viajando Com O Som (2017). À plus de 80 ans aujourd’hui, le vieux maître joue toujours aux apprentis sorciers, en sextet, inventant une grammaire surréaliste où le moindre accent tonique interroge la nature même du son.

Line-up : Hermeto Pascoal (p, k, fl), Fabio Pascoal (perc), Itiberê Zwarg (b, voc),André Marques (p), Jota P (sax, fl), Ajurinã Zwarg (dms)

Crédits photo : © Gabriel Quintão