Youssou N'dour
Rokia Traoré
Mulatu Astatke

Soirée

Mulatu Astatke

Grâce notamment au film Broken Flowers (2005) de Jim Jarmush, Mulatu Astatke (75 ans) n’est plus tout à fait ce secret le mieux gardé des musiques éthiopiennes que se partagent les explorateurs de la merveilleuse collection Éthiopiques (éditée dès 1999 chez Buda Musique). Ainsi, depuis 2005, celui qui est considéré comme le père de l’éthio-jazz offre désormais à tout un nouveau public ses musiques envoûtantes au système modal le plus souvent pentatonique. Un jazz hors norme, à la fois cosmique et ondulatoire, comme millénaire, qu’il sculpte dès la fin des années 60 au vibraphone, sur ses congas ou un clavier Wurlitzer. Le maître Astatke, qui fut le premier étudiant africain du célèbre Collège de Musique de Berklee à Boston (E.U.) et qui joua notamment un temps chez Duke Ellington, expose toujours avec la même fraîhhcheur son groove abyssinien. Il était ainsi en septembre à Paris (Jazz à La Villette) avec des invités tels que Soweto Kinch au saxophone ou Richard Olatunde Baker aux percussions. Il débarque enfin à Vienne pour partager ses instrumentaux intemporels, ses harmonies singulières barattées sur les métriques de la Corne de l’Afrique.

Line-up : Mulatu Astatke (vb, wurlitzer and perc), James Arben (md, sax, cl and fl), Byron Wallen (tp), Danny Keane (vlc), Alexnader Hawkins (p, k), John Edwards (double bass), Richard Olatunde Baker (perc), Tom Skinner (dms)

Crédits photo : © Alexis Maryon

Rokia Traoré

La chanteuse malienne publiait en 2016 NéSo, un sixième album engagé. Rokia Traoré est une artiste nomade qui partage sa vie entre Bruxelles, Bamako où elle a grandi (elle est née en 1974 dans la banlieue de la capitale) et les États-Unis où elle travaille régulièrement. Rokia Traoré est de ces artistes africains que la modernité ouvre à tous les genres. Peter Sellars lui a demandé de participer à la création de Desdemona (2010). Elle a fait partie du jury du Festival de Cannes 2015, et le trompettiste Erik Truffaz l’a invitée sur son album Doni Doni (2016). À Bamako, elle a créé une fondation pour aider la musique et les arts de la scène. Produit comme le précédent par John Parish (PJ Harvey, Eels), Né So est un disque concerné, tressé de sonorités rock et de mélodies mandingues composées après les événements tragiques de 2012 au Mali. Rokia évite pourtant le pathos. C’est même ce qui fait son style : la sobriété, la distance. D’une voix acérée, entourée de choeurs et de ses invités Devendra Banhart et John Paul Jones (Led Zeppelin), elle chante en français, en bambara, et en anglais sur l’emblématique Strange Fruit de Billie Holiday.

Line-up: Rokia Traoré (v, g), Mamah Diabaté (n’goni), Salimata Traoré (bkv), Stefano Pilia (g), Fabio Rondanini (dms), Massimo Pupillo (b), Massimo Cugini (sound engineer)

Crédits photo : © Danny Willems

Youssou Ndour

Dans les années 70, Youssou Ndour est l’idole du mbalax (musique populaire du Sénégal basée sur le tama et le sabar). Il est déjà une star en 1979 lorsqu’il lance avec le groupe l'Étoile de Dakar le « ventilateur », une nouvelle danse qui fait alors fureur dans les clubs. « Le Petit Prince de Dakar » et son orchestre rebaptisé Super Étoile de Dakar deviennent bientôt les nouveaux ambassadeurs des musiques d’Afrique de l’Ouest. Quatre décennies plus tard, Youssou Ndour, qui est entre-temps devenu patron de presse, qui possède à Dakar un studio d’enregistrement et fut jusqu’en 2013 Ministre de la Culture du Sénégal, nous rend une nouvelle visite (il était ici en 2014) précédée de son dernier opus (Africa Rekk - 2016) que la star décrit comme « un voyage entre l'Afrique moderne et l'Afrique traditionnelle ». De culture à la fois sérère, toucouleur et wolof, le natif de la Médina (en 1959) poursuit depuis l’album Rokku Mi Rokka un voyage au coeur de la tradition. Une tradition déjà largement actualisée via la pop (7 Seconds avec Neneh Cherry date de 1994), le reggae et la production numérisée. Il reprend aujourd’hui la route avec son groupe fétiche, ce légendaire Super Étoile de Dakar, enrichi depuis le Grand bal de Bercy 2013 de cadors camerounais (la super basse de J.J. Obam Edjo’o !) et dont le dernier témoignage discographique date également de 2013 : la réédition de Live - Fatteliku (feat. Peter Gabriel), un fabuleux concert de 1987 enregistré à Athènes.

Line-up : Youssou NDour (v), Babacar Faye (perc), El hadj Faye (perc), Abdoulaye Lo (dms), Assane Thiam (talking drum), Birame Dieng (bkv), Moustapha baidy Faye (k), Ibrahima Cisse (k), Papa oumar Ngom (g), Alain Oyono (sax), Moussa Sonko (danseur), Moustapha Gaye (g), Pascale kameni kamga (bkv)

Crédits photo : © Youri Lenquette