Charlie Winston
Ibeyi

Soirée

Charlie Winston

Bientôt dix ans que Charlie Winston s’est installé dans le paysage, sur les ondes d’abord, puis en scène, notamment en France et en Belgique. En cinq accords et un sifflement, le chapeauté dégingandé a transformé en un tube folk soul imparable le destin des vagabonds qui sautent d’un train de marchandises. Depuis Like A Hobo (2009), les hits (Kick The Bucket, Hello Alone), disques de platine (Hobo) et albums au succès moins fulgurant (Curio City) se sont enchaînés avec plus ou moins de régularité. Le dandy à l’indémodable trilby sur l’oeil revient aujourd’hui du diable vauvert, la quarantaine impeccable, sortant de trois ans de silence radio depuis ce Curio City dont les textures électro avaient pu dérouter certains fans. Et Charlie dégaine. Square 1, un disque mature et engagé, emprunt pour moitié d’une certaine mélancolie. Winston décrit ce quatrième opus comme le quatrième angle d’un carré. Son titre fait référence à l’expression back to square one qui signifie « retour à la case départ ». De fait, le plus français des charmeurs britanniques opère là un certain retour aux sources. Le folk pop demeure le meilleur terreau du natif des Cornouailles (en 1978) qui alterne compositions quasi funky (l’hédoniste single The Weekend), ballades concernées et expérimentations world, mêlant la kora de Toumani Diabaté et les tablas d’Aresh Druvesh à sa manière de folk moderne et naturelle.

Crédit photo: © C. Gamus

Ibeyi

Ibeyi (« jumelles » en yoruba) est un duo franco-cubain composé des soeurs Lisa et Naomi Diaz, jumelles hétérozygotes nées à Paris. Elles avaient enregistré leur premier album (Ibeyi, en 2015) dans le studio de Richard Russell à Londres. Après avoir fait le tour du monde, elles y sont retournées pour leur tout nouvel opus, Ash (avec toujours Russell aux manettes). Les sœurs Diaz distillent une manière de spiritual contemporain zébré de hip-hop, d’électro et de basses dodues. Naomi adore le hip-hop, le dance-hall et le reggaeton, tandis que Lisa verse plutôt dans la soul et le jazz. Elles sont sans doute d’accord sur le fond et parlent comme elles chantent : en choeur, mais pas d’une seule voix. Leurs textes sont en anglais, en espagnol et en yoruba, la langue de la Santeria. Leur père cubain, le célèbre Anga Diaz (disparu en 2006), fut le percussionniste de Chucho Valdés, Roy Hargrove ou Steve Coleman. À sa mort, Naomi apprend à jouer du cajón, l’instrument fétiche du padre et Lisa le piano. Entre jazz dans l’Ether électrique (la filiation Miles Davis / Sun Ra) et rock culture éclairée, le trompettiste Erik Truffaz, l’invité spécial du concert, mêle depuis la parution de The Dawn (en 1998) hip-hop, pop, drum’n’bass, épices africaines ou indiennes et jazz. Au fil d’une vingtaine d’albums visités par les voix (Nya, Christophe, Sophie Hunger, Rokia Traoré, Oxmo Puccino...), la musique du trompettiste aura au fond toujours relevé de la fusion des genres.

Line-up : Naomi Diaz (voc), perc: cajon batas pads), Lisa-Kaindé Diaz : (voc, (k), Erik Truffaz (t)

Crédit photo: © D. Uzochukwu, DR