Chucho Valdés 5tet "Jazz Batá 2"
Omar Sosa & Yilian Cañizares

Soirée

Chucho Valdés 5tet

Chucho Valdés 5tet

Avec ses mains larges comme des battoirs et capables d’une délicatesse de dentellière, le parrain adoubé du jazz cubain Chucho Valdés (six Grammies et trois Latin Grammy Awards) est de retour avec Jazz Batá 2 (2018). Quarante-sept ans après un premier volume éponyme, le géant actualise l’influence du fameux tambour batá, instrument sacré de la religion yoruba à Cuba. Il réactive pour cela le concept de son album Jazz Batá de 1972. Ce projet en simple trio, sans batterie, passait à l’époque pour expérimental. Si le pianiste a ensuite laissé de côté sa petite formation face au succès fulgurant d’Irakere (dès 1973), il a toujours souhaité y revenir. C’est donc chose faite, « avec un panorama plus large et en quintet », précise Jésus « Chucho » Valdés. C’est son père Bebo Valdés, inventeur des rythmes batanga dès 1952, qui l’a initié à la musique. Ce disque et la tournée qui nous visite marquent aussi le centenaire de Ramón « Bebo » Valdés (1918-2013) qui correspond aux 77 ans de Chucho (ils sont tous deux nés un 9 octobre). Le trompettiste Roy Hargrove disparu en novembre 2018 était un habitué du festival Jazz à Vienne. Programmé avec son quintet le 12 juillet dernier sur la scène du Théâtre Antique, son concert mémorable restera le merveilleux souvenir de communion entre le trompettiste et le public viennois. Le maître cubain Chucho Valdès se souvient qu’il y a vingt ans (en 1998), il recevait un Grammy pour sa participation au projet américano-cubain Crisol initié par Roy Hargrove. Invité spécial du quintet, le trompettiste louisianais Terence Blanchard convoquera donc la grâce et le talent de Roy pour cet hommage du coeur.

Line-up : Chucho Valdes (p), Terence Blanchard (t), Yelsy Heredia (cb), Yaroldy Abreu (perc, v), Dreiser Durruthy (Batas, v), Abraham Mansfarroll (perc)

Crédit photo: © C. Friedman, DR

Omar Sosa & Yilian Cañizares

Omar Sosa & Yilian Cañizares

Depuis son départ de Cuba en 1993 et ses premiers albums (Omar Omar et Free Roots, en 1997), Omar Sosa poursuit une voie singulière. L’oeuvre métisse, étourdissante du pianiste puise dans ses racines afro-cubaines, dans le jazz, le hip-hop, l’électro, les musiques du monde et la spiritualité yoruba. Entouré de Paolo Fresu et de Trilok Gurtu pour un trio extraordinaire, il nous visitait en 2016, au moment de son trentième album (Eros). Après Transparent Water mis en bouteille avec la kora de Seckou Keita et le fidèle percussionniste cubain Gustavo Ovalles, puis l’échappée Es:sensual (2018) avec le NDR bigband et Jacques Morelenbaum, le pianiste en blanc revient aujourd’hui avec la chanteuse et violoniste Yilian Cañizares (native de La Havane, établie en Suisse). Ensemble, ils viennent d’enregistrer Aguas, un album à nouveau dédié à l’eau, et tout particulièrement à Oshun, déesse de l’amour et maîtresse des rivières. Avec Yilian, qui s’est fait connaître avec deux albums débordant d’énergie (Ochumare et Invocacíon), quelque chose s’est établi qui tient de l’évidence. Omar Sosa : « Agua reflète nos traditions, nos émotions, notre nostalgie aussi. J’ai 53 ans, Yilian 35, et nous créons ensemble une musique contemplative, pleine d’humilité, de paix et de dignité. Sans muscles ! Tout le monde pense que la musique cubaine est virtuose et qu’elle doit faire danser, mais il existe bien d’autres traditions à Cuba. »

Line-up : Omar Sosa (p), Yilian Cañizares (v, vln), Gustavo Ovalles (perc)

Crédit photo: © F. Socha