GoldLink
Rejjie Snow

Peu nombreux sont ces artistes qui, la trentaine à peine passée, ont déjà derrière eux plus de dix ans de carrière. Au cours de la sienne, GoldLink aura connu toutes les phases de la notoriété, du succès critique et dʼestime de ses débuts en 2013 à sa collaboration avec le grand producteur Rick Rubin deux ans plus tard, avant la renommée mondiale en 2018 et son statut actuel de vétéran avec lʼavenir devant lui. Si ses instrumentaux ne laissent aucun doute quant à la diversité de ses sources dʼinspiration, où résonnent des échos de house, dʼafrobeat, de soul, de jazz et de bossa nova, GoldLink sʼest aussi fait un nom en prolongeant une certaine tradition de la virtuosité vocale dans le rap, déroulant avec une précision dʼorfèvre et une rapidité déconcertante des textes fourmillant dʼhumour, de trouvailles et de références culturelles. Explorant un large éventail de sonorités, sa musique a peu à peu acquis une patine inimitable, enrichie par de nombreuses collaborations prestigieuses. Ce redoutable homme de scène, qui revendique son attachement aux tempos dansants, promet donc de donner à cette soirée unique en son genre une dimension plus festive et prestigieuse encore.

Si ce jeune rappeur vous semble venu dʼailleurs, ce nʼest pas quʼune impression. En 2017, son premier EP donnait le ton dʼune discographie qui compte désormais quatre disques hauts en couleur : une approche à lʼavenant de la personnalité peu commune de ce fana de Stevie Wonder, passionné de design graphique, qui maîtrise tous les codes du hip-hop mais puise autant son inspiration chez les poètes de son Irlande natale que dans la musique de ses confrères américains. Depuis, sa sonorité, marquée par un côté expérimental et fait-maison, sʼest accommodée aussi bien de miniatures avant-gardistes, de morceaux accrocheurs façon R&B rétro que dʼune ballade jazz en piano voix. Assumant les textes les plus personnels comme lʼinsouciance la plus totale, pour le pur plaisir de la rime qui fait mouche, il compose au passage quelques tubes, comme lʼincontournable « Egyptian Luvr » avec le rappeur américain Aminé. Son quatrième album intitulé Peace 2 Da World, dans lequel il intègre à son univers de nouvelles sonorités issues des musiques brésiliennes, prouve pour de bon que Reijie Snow fait partie de ces artistes quʼon ne peut ranger que dans leur propre catégorie, au-delà des attentes et des étiquettes.